lundi 18 janvier 2010

gaston Leroux est parmi nous

Les aventures extraordinaires de Rouletabille
Reporter


Les amis, je suis sciée !

Suite à l'emprunt d'un Rouletabille famillial, je me suis vue complètement subjuguée par une écriture incroyablement drôle, vive et....et moderne si tant est que ce soit un qualificatif valable. Et alors, comble de tout, qu'est ce qui me court-circuite ? Mais que ces textes datent du début du XXème siècle !!! Je pensais Gaston Leroux naviguant autour d'un Simenon, mais point du tout: "Le (génial) Mystère de la chambre jaune" date de 1907.

Mon bon Gaston est donc un contemporain de Victor Hugo et d'Emile Zola... Ca nous en bouche un coin hein ! Parce que, pardon, Totor et Milou, dans leur genre, j'adore. Ah si :

"J'aime ta mouette, ô mer profonde,
Qui secoue en perles ton onde
Sur son aile aux fauves couleurs,
Plonge dans les lames géantes,
Et sort de ces gueules béantes
Comme l'âme sort des douleurs !"

..Ca fait sa petite impression, une écriture pareille, et puis ça remue l'âme. Oui mais bon. On est quand même loin de la franche rigolade de notre bon Gaston, qui, au coeur d'une situation dramatique pour le reporter, arrive à nous placer une scène à la Audiard (et c'est pas peu dire):
(Rouletabille, en possession d'une lettre le disculpant d'un meurtre, est bloqué dans un wagon-lit avec le plus grand pique-pocket français qui veut s'en saisir):

"Mais la partie devenait terriblement difficile pour moi, maintenant que je savais qu'il savait que je savais qu'il avait la lettre !... (...) Je savais qu'il savait que je savais...Il savait aussi que je savais qu'il savait...Quelle situation que celle de ces deux individus qui, depuis la veille au soir ne cessaient de se voler mutuellement sans que rien, dans leurs façons d'être ni dans leurs paroles, ne dénonçât leur intime pensée, la joie de la victoire ou le désagrément de la défaite ni l'espoir frénétique de la revanche..."
C'est d'un humour incroyable d'avoir fait jouer une scène de passe-passe à la Charlie Chaplin dans un instant aussi sérré de tension dramatique.
Incroyable également la lisibilité de l'intrigue, toujours très réaliste et fluide alors que, ne l'oublions pas, à l'instar de Milou ou d'Honoré (de Balzac, toujours contemporain) Gaston publia ses textes en épisode dans les quotidiens. Quelle gageure pour garder une cohérence dans le récit et un rythme aussi milimétré que dans un bon Hitchcock...
Clou du spectacle, Rouletabille comme Arsène Lupin, si mes souvenirs sont bons, se sait être un bon personnage de fiction, et ses piques envers "l'autre" fin limier, Sherlock Holmes, sont des plus délectables...

Agatha Christie a loué Gaston Leroux, et bien Julie itou...

2 commentaires:

  1. Et le Arsène,dans tout ça ? A l'époque des aéroplanes et des Hispano's...

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  2. Ben oui mais Arsène Lupin c'est un cambri-voleur, même gentleman, il reste du mauvais côté de la barrière, moi c'est le côté "intrigue" qui me botte dans les Poirot, Misss Marple, Sherlock et autre Roultabille...

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